les elections J-7
Ces dernières semaines de campagne présidentielle ont mis en relief quelques traits du candidat de l’UMP et soulevé des questions sur sa vision de la République et de la démocratie. De son côté, le magasine Marianne du 14 avril produit un numéro sur Nicolas Sarkozy, proposant de mettre en lumière certains traits du candidat que les médias n’osent pas dévoiler.
Au-delà d’un jugement à l’emporte pièce qui se focaliserait sur un candidat particulier ; au-delà d’opinions personnelles pour lesquelles chacun est en droit d’adhérer ou de critiquer, Il me semble légitime, à quelques jours du premier tour de la campagne présidentielle, de me poser une série de questions sur Nicolas Sarkozy qui me porte à croire que s’il devenait Président, il bouleverserait une certaine conception de la République et de la démocratie dans notre pays.
Que doit-on penser d’un homme qui, pour pêcher les voix frontistes, souhaite la création d’un ministère de l’immigration et de l’identité nationale ?
Cette posture qui consiste à chasser en terres lepéniste s’est toujours soldée par un échec. Loin de disperser les voix du leader populiste, cela fonctionne toujours comme un appel d’air qui renforce l’électorat de Jean Marie Le Pen (15% au dernier sondage soit déjà plus que ceux accrédités en avril 2002).
L’UMP ne semble pas comprendre que pour la France qui souffre, elle n’incarnera jamais un rempart contre les fantasmes d’une immigration supposée, mais restera perçue comme le parti de ceux qui prônent une politique d’économie libérale de marché qui laisse de plus en plus de salariés sur le bord des trottoirs. D’où l’augmentation croissante du parti F.N. (avec son paroxysme atteint aux dernières élections présidentielles) où se retrouvent pêle-mêle les gens de peu, les chômeurs endémiques et les laissés pour compte de l’économique libérale de marché. Un sondage IFOP réalisé pour le journal Libération montre que le problème de l’immigration n’apparaît qu’à la 15ème place des préoccupations des français ....loin derrière le travail, le logement et la santé. De plus, les français préféreront toujours voter pour l’original, délaissant la copie.
Quel souvenir garderons-nous de Nicolas Sarkozy face à la crise des banlieues et sur le traitement des problèmes d’insécurité ?
A voir la manière dont il fustige les agents de police d’une antenne de proximité qui jouent au foot avec des jeunes, Nicolas Sarkozy n’a que faire du dialogue entre agents de sécurité et petits délinquants. Il se prévaut d’une vision sécuritaire sur les problèmes des banlieues. Ses conceptions libérales l’inclinent à rejeter toute ouverture qui recréerait du lien social auprès d’une jeunesse désincarnée qu’il a stigmatisé en 2005, tenant à son encontre des propos que tout candidat à l’investiture devrait s’abstenir de prononcer. Un discours sécuritaire qu’il a décliné médiatiquement sur la forme sans être parvenu sur le fond à enrayer la petite délinquance qui a progressé sous son ministère.
Un Ministre de l’intérieur-candidat devenu indésirable en banlieue et à Argenteuil en particulier, qui aurait du méditer la campagne d’affichage des Le Pen, père et fille : Même eux, ont compris l’intérêt d’une beurette pour vendre leurs idées.
Au même moment où Le Pen se déplace au Val d’Argenteuil, Sarkozy rase les murs de Villepinte pendant quarante cinq minutes bien protégé entre les murs de la mairie dirigée par Martine Valleton (UMP) où il assiste à une cérémonie « d’entrée dans la nationalité française » rapporte l’Express.
Que doit-on attendre d’un homme qui préface le dernier livre de Gianfranco Fini, le post-fasciste italien qui dit, parlant de son ami français, être en « quasi-symbiose politique, caractérielle et générationnelle » ?
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a le soucis de faire interdire ou retardé tout livre le concernant et le desservant dès que l’information lui est livrée à temps. Ces signes font aussi partis d’un message subliminal envoyé à une droite extrême avec laquelle il flirte au fur et à mesure que la campagne avance. Il va même jusqu’à faire censuré le blog du journaliste Laurent Bazin d’I.Télé en 2006 qui relate un déjeuner pris entre lui et ses confrères de la chaîne et le Ministre de l’Intérieur.
Dans la revue Psychologie magazine et dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray, Nicolas Sarkozy émet l’idée que le suicide chez l’adolescent et l’homosexualité sont inscrits dans les gènes. Rappelons le fameux rapport commandé à l’INSERM intitulé « Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent » qui voulait dépister dès l’âge de 3 ans les signes prédictifs de la délinquance selon des critères plus que douteux et qui du être suspendu grâce à la levée de boucliers des professions de la petite enfance. Ce rapport était sensé servir de projet de Loi à Nicolas Sarkozy.
Enfin, que penser d’une certaine presse qui lui déploie le tapis rouge ? A commencer par TF1 dont le propriétaire de la chaîne, Martin Bouygues n’est autre que le parrain du fils du candidat de l’UMP et Arnaud Lagardère, dirigeant d’un groupe de presse qui comprend notamment Europe 1 et Paris-Match et qui fut le témoin de son mariage avec Cécilia ? (Exit Alain Genestar).
Qu’est devenu le reportage de France 2 : SARKO Mot à Mot ? Qui devait être programmé l’année dernière et qui suite à des pressions multiples, disparu des grilles de la chaîne de France Télévision.
Nicolas Sarkozy est-il un candidat qui pète régulièrement les plombs ou bien pratique-t-il le dérapage contrôlé ?
Sa dernière prestation à FR3 n’a pas laissé indifférent les salariés de la chaîne publique qui ne décolère pas contre lui. Devant l’arrivée tardive d’une maquilleuse, il lancera : « Toute cette direction, il faut la virer. Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder ».
Dans le monde Sarkozien les choses sont limpides : Elles sont blanches ou noires. Il y a les victimes et ceux qui ne les protégent pas (les magistrats font des erreurs), l’ordre qu’il faut rétablir (le discours sur la délinquance : On sanctionne d’abord et on discute après), le libéralisme d’entreprise qu’il faut encourager (seuls ceux qui accepteront de travailler plus et plus tard seront reconnus et aidés). Le discours est rodé, chargé d’arguments simplistes, qu’il exprime dans un vocabulaire pauvre, un mauvais français qui tronquent les négations, avalent les « r », multiplie les fautes grammaticales afin que monsieur Tout-le-monde s’y reconnaisse et se dise, pourquoi pas, que c’t’homme là, y cause bien et qu’on comprend s’qui dit.
Nicolas Sarkozy est un candidat qui use de tous les artifices mis à sa disposition par son équipe de communicants pour atteindre la dernière marche : Même s’il lui faut jouer du grand écart en délivrant ici un message de gauche et là-bas un message de droite au gré des endroits qu’il visite.
Nicolas Sarkozy est tellement de droite que Jean Marie Le Pen donne l’impression d’être un libéral en comparaison. Brice Hortefeux, proche du candidat, révèle au Figaro qu’une petite dose de proportionnelle à l’Assemblée pourrait faire en sorte que des petits partis accèdent à l’hémicycle. Deux jours auparavant, Le Pen s’était dit prêt à participer à un gouvernement d’union nationale. Essaie-t-il de trouver la solution à une éventuelle crise politique au cas où, parvenu au pouvoir, les socialistes et l’UDF renverraient sine die chacun de ses projets de Loi ? Quel jeu dangereux. ! Sarkozy une fois de plus, désamorce : "celui qui est moins à droite qu’avant, c’est Le Pen" confie-t-il à Libération.
Enfin Nicolas Sarkozy est atlantiste et a de la sympathie pour Georges Bush. Comme à son habitude, il allume un feu. Toujours dans Philosophie magazine, alors qu’on ne lui demande rien de particulier sur l’Allemagne, il lâche une fausse confidence « Il y a beaucoup de nations à travers le monde qui traversent des crises sociales, monétaires, politiques et qui n’inventent pas la solution finale, ni ne décrètent l’extermination d’une race ». Ceci vient en écho à une autre petite phrase lâchée durant son discours de Nice du 30 mars « la France n’a pas à rougir de son histoire » elle n’a pas « commis de génocide », ni « inventé la solution finale ». Voilà pour le partenariat privilégié avec l’Allemagne. Madame Merkel est prévenue, Sarkozy s’entendra mieux avec les anglais et les italiens.
A quelques jours de l’élection présidentielle, je pense qu’il fallait rappeler quelques fondamentaux. Je ne suis pas sûr qu’un discours anxiogène construit autour de la réussite individuelle, de la victimisation et du retour à l’ordre, du travaillez plus et gagnez moins et plus généralement de la vision politique et philosophique de Nicolas Sarkozy séduisent les français sur le long court.
Je crains même qu’une fois élu, des foyers de désordre se multiplient assez rapidement dans les cités, dans le monde du travail, dans les administrations et dans certaines grandes entreprises et que ce pays devienne très vite incontrôlable et ingouvernable.
En montant une partie de la population contre une autre, une classe d’individus contre une autre, une minorité cotnre une autre, on attise les haines et les frustrations.
A nous tous d’en juger.